Sécurisation des chantiers fermés au public : obligations légales et bonnes pratiques opérationnelles

Sécurisation des chantiers fermés au public : obligations légales et bonnes pratiques opérationnelles

vendredi 21 novembre 2025 Par Aïcha Benali 5 min de lecture
Sécuriser un chantier fermé au public constitue une obligation incontournable pour l’employeur, qui doit mettre en place une politique rigoureuse conforme aux exigences du Code du travail et des directives européennes. Cette intervention englobe l’évaluation précise des risques, la formation adaptée des salariés, ainsi que la fourniture d’équipements de protection individuelle et collective adéquats. Le coordonnateur SPS joue un rôle clef en orchestrant la coordination des mesures pour prévenir les interférences entre entreprises et garantir une sécurité collective efficace. Par ailleurs, la gestion de la coactivité et l’intégration d’outils numériques viennent renforcer ces dispositifs en assurant traçabilité, formation et contrôle d’accès indispensables à la maîtrise des risques.

Sécurisation des chantiers fermés au public : obligations légales et bonnes pratiques opérationnelles

Obligations légales majeures imposées à l'employeur pour la sécurité sur chantiers fermés

L’employeur détient la responsabilité principale pour la sécurité et la santé des salariés intervenant sur chantiers fermés au public. Cette responsabilité couvre plusieurs volets clé définis par le Code du travail et les directives européennes, avec notamment l’évaluation systématique des risques présents sur site, la formation ciblée des travailleurs, leur information précise sur les dangers potentiels, ainsi que la fourniture et le contrôle d’équipements de protection adaptés.

Plus qu’une simple obligation matérielle, cette responsabilité intègre la mise en œuvre d’une politique de prévention rigoureuse, l’affichage obligatoire des consignes sur le chantier, la tenue exacte des registres de sécurité, ainsi qu’un suivi sanitaire régulier des intervenants. L’employeur doit également organiser la coordination interne pour réduire les risques liés à la coactivité, particulièrement complexes sur ces sites fermés.

La réglementation impose un plan de prévention actualisé, spécifiquement adapté au chantier, qui décrit précisément les mesures à appliquer, les responsables désignés et les modalités organisationnelles. Ce plan doit évoluer en permanence en fonction des avancées ou modifications du chantier, assurant une gestion proactive et sécuritaire effective.

Rôle central et missions du coordonnateur SPS dans la gestion de la sécurité collective

Dès l’intervention simultanée de deux entreprises ou plus, le coordonnateur Sécurité Protection de la Santé (SPS) devient obligatoire. Mandaté par le maître d’ouvrage, il planifie et organise la coordination de la sécurité pour prévenir toute interaction dangereuse entre les différentes équipes.

Le coordonnateur SPS est chargé de rédiger un plan de prévention exhaustif qui formalise l’ensemble des mesures, identifie clairement les intervenants, précise la nature des travaux et le calendrier associé. Ce document est la pierre angulaire garantissant la cohérence et la complémentarité des actions menées par chaque entreprise.

Ce professionnel ajuste en continu les dispositifs de sécurité en fonction des changements du chantier, notamment lors de phases sensibles comme les interventions nocturnes sur des voies rapides, où les conditions évoluent rapidement. Il joue aussi un rôle d’alerte essentiel en cas d’anomalies ou d’incidents.

Le succès opérationnel de cette coordination repose sur une collaboration étroite avec les chefs de chantier et les employeurs, fondant une responsabilité partagée et une action concertée pour la sécurité au quotidien.

Mesures concrètes de prévention : équipements de protection individuelle et collective adaptés

Le port des équipements de protection individuelle (EPI) constitue une obligation légale incontournable. Ceux-ci comprennent des casques certifiés adaptés aux risques spécifiques, comme les casques isolants ou anti-heurt, des chaussures de sécurité conçues pour résister aux dangers chimiques ou thermiques, ainsi que des gants, lunettes certifiées selon la norme NF EN 166, protecteurs auditifs et masques respiratoires. Pour les travaux en hauteur, l’emploi de baudriers et de gilets haute visibilité est systématiquement requis.

D’un autre côté, les mesures de protection collective se matérialisent par l’installation de garde-corps, filets de sécurité, blindages, plateformes sécurisées et zones tampons. Ces dispositifs doivent être privilégiés, notamment pour prévenir les chutes, qui représentent la première cause d’accidents mortels dans le secteur.

Un contrôle rigoureux et régulier de ces équipements, conduit notamment par le chef de chantier et les contremaîtres, garantit leur parfaite conformité et fonctionnement. La mise à disposition doit être surveillée de près pour éviter tout relâchement qui pourrait engendrer un risque accru.

L’évaluation détaillée des risques spécifiques à chaque phase d’activité permet d’adapter précisément le choix, la maintenance et le renouvellement des EPI et protections collectives, couvrant les dangers mécaniques, électriques, chimiques ou thermiques.

Coordination et organisation rigoureuses pour anticiper les risques liés à la coactivité

La coactivité impose une organisation strictement coordonnée dès la conception du chantier pour éviter tout risque d’interférence entre les diverses entreprises. Cette démarche s’appuie sur un planning partagé, des procédures communes et une communication permanente entre chefs de chantier, coordonnateurs SPS et intervenants.

Les plans de prévention établissent les modalités précises de partage des espaces comme les voies d’accès, les zones de stockage, et intègrent aussi la gestion des risques liés à la présence concomitante d’éléments mobiles, de sources électriques, de produits chimiques et de circulation routière.

Par ailleurs, un dispositif de surveillance continue est mis en place sur le terrain. Contremaîtres et chefs d’équipe surveillent la bonne application quotidienne des consignes, corrigent activement les écarts et prennent des décisions rapides en cas de situations imprévues, renforçant ainsi la résistance globale du système de sécurisation.

Barrières de sécurité sur un chantier de construction fermé au public, avec affichage et contrôle des EPI par les chefs.
Barrières de sécurité sur un chantier de construction fermé au public, avec affichage et contrôle des EPI par les chefs.

Intégration des outils numériques pour optimiser le contrôle d’accès, la formation et la traçabilité sur chantier

L’utilisation d’outils numériques modernes transforme radicalement la gestion de la sécurité sur chantier fermé. Des applications mobiles spécialisées, comme la solution Traxxeo, assurent en temps réel le suivi des présences, la traçabilité des entrées et sorties, ainsi que la vérification des habilitations individuelles, essentielle pour garantir la conformité administrative.

La formation des équipes s’en trouve renforcée grâce à des outils numériques ou hybrides, qui complètent les sessions sur site. Ces dispositifs offrent un suivi pédagogique précis, assurent le renouvellement régulier des compétences et permettent l’archivage systématique des attestations et contrôles d’acquisition des bonnes pratiques.

Pour réussir cette intégration, voici un guide pragmatique :

  1. Diagnostiquer les besoins spécifiques du chantier pour le contrôle et la formation.
  2. Choisir une solution numérique adaptée aux spécificités du BTP et aux contraintes locales.
  3. Former les responsables de chantier et les chefs d’équipe à l’utilisation des outils numériques.
  4. Mise en place d’une procédure quotidienne systématique pour la gestion des accès par scan ou identification.
  5. Organiser les formations initiales et continues avec suivi numérique et validation des acquis.
  6. Exploiter régulièrement les données collectées pour adapter les mesures de prévention et améliorer la sécurité globale.